Superficie : 1321 ha

Nombre d’habitants : 186 habitants (2012)

Woël se situe dans la plaine, sur le Rû de Signeulles. Il est établi sur la chaussée austrasienne qui relie Pont à Mousson à Verdun, à proximité de ruines gallo-romaines.
Il n’y pas de traces de l’histoire de ce village avant le 12e siècle, on le retrouve alors mentionné en 1219 sous le nom de Woël.

Les habitants de Woël sont des pionniers de la revendication : à la Révolution, les villageois se plaignent de la lourdeur des impôts au roi de France ; ils remettent également en cause le prix du sel, l’état des routes, le droit de pâture dans les forêts royales et la lourdeur des charges sur les portions de bois.

Woël est peu endommagé durant la Grande Guerre. On peut y voir quelques maisons anciennes qui ont conservé les caractéristiques de la maison rurale traditionnelle, comme celle sise au 6 rue du Moulin. On y trouve la fenêtre du poulailler encore dotée de ses marches d’accès. Le château, construit en 1868, a hébergé durant cette guerre un observatoire duquel les Allemands pouvaient observer les combats livrés aux Eparges.

Les habitants étaient surnommés coulaws d’âwe : couleur d’eau, en raison de la couleur de l’eau qu’ils buvaient, eau puisée à travers la couche d’argile puis filtrée.

Le village a fusionné avec son voisin, Broville. En fait, cet ancien fief est devenu une rue du village actuel de Woël.

L’église Saint Gorgon, construite au commencement du 16e S dans le style ogival (gothique) flamboyant, est curieuse à visiter. Saint Gorgon est considéré comme obscur et il est peu populaire alors qu’il est très vénéré en Allemagne, en Normandie et en Italie où on dit qu’il fait pleuvoir.

Industrie d’autrefois : Un moulin. Deux foires : le 3e mardi d’avril et le 8 juillet.

Origine :

  • du latin vadum : gué et peut-être du suffixe -ellum
  • Patois :   Ouê

Démographie :

  • 1803   636 habitants
  • 1851   761 habitants
  • 1901   452 habitants
  • 1999   208 habitants

Patron : 

  • Saint Gorgon : 9 septembre

Woël, d’hier et d’aujourd’hui

Les habitants de Woël sont nommés « coulaws d’âwe » : mot du patois lorrain qui signifie « couleur d’eau ». Au Moyen Age, l’eau que buvaient ces villageois, avait une couleur spécifique car elle était puisée à travers la couche d’argile.

L’histoire de Woël est souvent liée à celles de Doncourt aux Templiers et d’Avillers Ste Croix et avant le XIIème siècle, nous ne disposons que de renseignements très succincts.

Vers 1150, une commanderie de chevaliers du Temple de Jérusalem s’établit à Doncourt et, quelques années plus tard, reçut le « gagnage » de Woël. Vers 1389, les habitants de Woël se mirent sous la protection du Prince Robert, Duc de Bar auquel ils devaient verser diverses annuités. Cependant, le village semble être encore sous la suzeraineté des évêques. Depuis longtemps, les religieux avaient des droits sur le moulin de Woël mais des siècles plus tard, le maitre du moulin et le meunier de Woël refusèrent de payer ce qu’ils leur devaient. En 1576, l’évêque de Verdun céda au duc de Lorraine le village de Woël.

Sautons quelques siècles et arrivons à la période de la grande guerre. Malgré les importants combats livrés dans la plaine de la Woëvre, quelques maisons traditionnelles lorraines ont subsisté. L’un des trois châteaux construit en 1868 a hébergé un observatoire duquel les Allemands pouvaient suivre les combats aux Eparges.

A cette époque, Woël comptait plus de 300 habitants. On trouvait des  agriculteurs (familles Claudot, Gouth, Wagner, Bérard, Crouët, Jamin, Warin), des aubergistes (familles Beauchamp, Lavigne, Noël, Poiret), des bouchers (familles Noirfalize, Porret),  des charrons (famille Piedfer), des cordonniers (familles Protin et Watelet), des épiciers (familles Noël et Lavigne), des menuisiers (famille Crouët), des maréchaux ferrants, constructeurs agricoles (famille Delandre), une buraliste (Mme Beauchamp), un appariteur (M. Crouet), une couturière (Mme Crouët) et un maçon (M. Bousset). Tous ces artisans animaient la vie du village.

Aujourd’hui, le village totalise 196 habitants et abrite six exploitants agricoles, une scierie, un garagiste, des gîtes… . Le dynamisme est également marqué par l’association « La Seigneulle Loisirs » présidée par Patrick Naud. Chaque année, plusieurs manifestations sont organisées : brocante, journée ball-trap, lâcher de ballons le jour du téléthon cantonal, concours de quilles pour la fête patronale…

Après Emile Battavoine, ancien exploitant d’une entreprise de pompes funèbres et maire de Woël pendant six mandats et après George Delandre maire durant deux mandats, André-Victor Pitz élu en mars 2008 et son équipe municipale mettent en place de nombreux projets :

viabilisation d’un mini lotissement route de Jonville, réhabilitation complète de la salle des fêtes en salle intergénérationnelle, changement des éclairages publics, nouveaux panneaux de signalisation, remise en état du monument aux morts, mise aux normes de la sécurité incendie de la commune, changement des portes de l’église pour une véritable protection de notre patrimoine, entretien périodique des espaces verts par l’Association des Côtes et de la Woëvre…

Ils ont la volonté de développer l’attractivité de leur village dont la situation géographique favorise l’arrivée de nouveaux habitants et auquel  l’établissement d’un Plan Local d’Urbanisme permettra de gérer au mieux le développement du « village rue » le long de la Seigneulle.

Jeannine Preud’homme

Eglise St-Gorgon de WOËL

Classée monument historique le 15 juillet 1914

L’histoire de cette église, comme celle du village, garde beaucoup de mystère aujourd’hui encore, par manque de sources écrites.

Les hommes se sont groupés en ces lieux depuis fort longtemps, comme l’attestent les vestiges Gallo-Romains mis à jour au lieudit « Devant Tagnières ». Mais le nom même de Woël n’est pas mentionné avant le 12è siècle. Ce nom de lieu, ce toponyme reste un peu mystérieux, il pourrait signifier « gué » évoquer ainsi un passage sur le ruisseau de la Seigneulles qui traverse le village.

Au moyen-âge, le « collateur » de la cure, celui qui nommait le curé, était l’abbé de Gorze, près de Metz, bien que l’église appartienne au diocèse de Verdun. Cette abbaye était placée sous le patronage de Saint Gorgon, comme l’est l’église de Woël…ce qui donne à penser que l’église de Woël serait une fondation de cette célèbre abbaye bien que dépendant de la seigneurie d’Hattonchâtel.

En l’absence d’une histoire écrite avec des mots, on peut lire celle que nous révèlent les pierres soigneusement élevées au cours des siècles par les hommes qui se sont succédés en ces lieux.

Cette église comporte d’importantes traces du premier âge roman (fin XIè – début XIIè siècle ) dans son plan, sa tour, sa nef, témoins de l’ancienneté de l’évangélisation en Meuse. Mais le gothique a enrichi sa voûte et la Renaissance l’a dotée d’un beau portail latéral.

Elle possède un plan simple, orienté Est-Ouest composé de trois parties :

1-une nef courte, formée de trois travées, flanquée de deux bas côtés,

2-un chœur, profond d’une travée, au chevet à pans coupés (contrairement à celui arrondi de l’église de Dugny).

3-une puissante tour porche, couronnée d’un hourd à la fin du Moyen Age.

C’est donc une église à plan basilical, sans transept, ce qui est fréquent dans les églises rurales de Lorraine.

Cette division tripartite de l’édifice, apparemment banale, est pourtant pleine d’enseignements : elle révèle que toute construction religieuse était d’abord une œuvre collective, faisant intervenir les trois partenaires de la société d’alors, le clergé, la population (le Tiers Etat) et le seigneur des lieux (la noblesse), chacun prenant en charge une partie de l’édifice « religieux »

 La tour, dont les fonctions sont autant sociales que religieuses, était soit propriété des habitants, soit propriété des seigneurs, parfois des deux. Cette dernière présente beaucoup d’intérêt. Construite dans un bel appareil de grosses pierres taillées, solidement assise sur un petit promontoire dominant le village, elle offre des allures de donjon.  Le portail actuel ne semble pas d’origine : il pourrait avoir été réinstallé là en sous-œuvre, au 16è siècle, lorsqu’on ouvrit le beau portail latéral actuel comme en témoigne l’arc de décharge et son insertion.

La fonction sociale est liée… aux cloches, dont l’importance fut grande jusqu’au siècle dernier. Nous qui vivons avec la radio, la télévision et des ordinateurs, nous avons du mal à imaginer une société où on ne connait pas la montre, où seules les cloches rythment le temps par la sonnerie des trois angélus.

La fonction liturgique de la tour est connue : elle est une sorte d’antichambre de l’église, où l’on maintenait les catéchumènes, mais aussi les gueux et les étrangers.

Au 1er étage de la tour, une très belle charpente chevillée est la preuve de l’habileté des artisans d’autrefois.

La nef de l’église présente une grande complexité. Romane certainement à l’origine comme l’indiquent les deux piliers cylindriques pourvus de chapiteaux très simples, et plafonnée sans doute au départ, comme en témoignent le grand arc doubleau qui sépare la nef du chœur, elle fut réaménagée à la fin du gothique, pour recevoir une voûte (XVIè siècle). Les piles rondes furent alors renforcées par des piliers carrés. La 1ère travée du bas –côté nord porte aussi une clef de voûte datée, de 1440 .Cette nef et ses bas-côtés ont subi d’importantes restaurations après la fin de la première guerre mondiale,l’église ayant reçu sur la toiture plusieurs obus d’artillerie.

Le chœur de l’église est entièrement gothique. Les extensions du XVIè siècle sont sans doute à mettre en relation avec la reprise en mains de l’église, le nouveau souffle de foi qui avec le concile de Trente, firent suite à la réforme et aux guerres de religion.

Que dire encore de cette église ? Nous lisons sur le bas côté des traces de peintures murales ; elle renferme aussi un beau christ polychrome dans la nef, une émouvante et naïve piéta de pierre du XVIè siècle (classé en 1961) et un chemin de croix en 14 tableaux peint sur toile par Lucien LANTIER daté de 1936  inscrit sur l’inventaire des monuments historiques.

L’église de Woël, semble être la petite sœur de celle de Dugny, coiffée elle aussi d’un hourd (Dans la fortification du moyen âge, sorte de balcon volant et couvert, en bois, que les défenseurs établissaient au haut des murailles, et qui faisait saillie en dehors ; de là ils lançaient toute sorte de projectiles contre les assaillants).

Cette église est la fierté de ses habitants, pratiquants ou non. Elle vit, on y sent battre le cœur du village, la chaîne des générations ne s’est pas encore rompue.

André-Victor PITZ, Maire de Woël.

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