Superficie : 952 ha
Nombre d’habitants : 60 habitants (2005)
Industrie d’autrefois : Moulin, commerce de bois
La vie actuelle du village : économique, culturelle …
Ecole d’attelage à la ferme du Sonvaux
Manifestations patriotiques :
- Lundi de Pâques
- Lundi de Pentecôte : Cérémonie du Souvenir
- Transfert de la flamme du « soldat inconnu » au cimetière du trottoir le 10 novembre au soir.
Origine :
- du dialecte lorrain Parge : enclos
- Patois : Lé Pâges
Patron :
- Saint Martin : 11 novembre
Tél. Mairie : 03 29 83 65 69
Un peu d’histoire :
Issu du latin BARRICUM, le village en 1003, se serait appelé Esparges, en 1223 Pargia, en 1378 les Parges puis PARGE et les EPARGES .
Il est situé dans la vallée du Longeau, sur la côte des Hures où, selon certains historiens, des romains auraient séjourné. Le ban des Parges comprenait également Trésauvaux, Champlon et Combres.
En 1300, l’évêque de Verdun devient propriétaire du village et de ses dépendances. En 1358, le trésor épiscopal étant vide, le ban et le finage – l’étendue de la paroisse – doivent être cédés à Thierry de Lenoncourt. Il a apporté une aide précieuse à l’évêque durant sa guerre contre le comte de Bar. Cependant, une faculté de rachat est établie mais il faut attendre le XVième siècle pour que l’évêque reprenne possession du ban.
Dans les quatre villages, l’évêque est le seul seigneur. Sans son autorisation, les mariages ne peuvent être célébrés. En plus des autres impôts, les habitants sont soumis à un versement de dîme : notamment deux poules pour chaque femme.
En sont exempts « les gens de justice » et les arquebusiers (soldats possédant une arme avec mise à feu au moyen d’une mèche).
En 1783, Joseph-Théodore-Pierre de PUYGREFFIER est le seigneur du domaine du ban des Eparges situé à Champlon. Il y est décédé le 18 décembre 1806.
La guerre de 14-18 :
La bataille des Eparges ou « bataille de Combres » pour les allemands a engendré des combats d’une extrême violence. La crête des Eparges et notamment le point X détenu par les allemands était un lieu stratégique que les français voulaient reprendre. Dès février 1915, assauts, bombardements intensifs, lutte impitoyable à la grenade et à la baïonnette se succèdent.
Une guerre des mines se met en place, des tranchées (sapes) sont creusées : 46 mines allemandes et 32 françaises explosent. Sur le site, des traces sont encore visibles : entonnoirs, entrées de sapes. Le 9 avril, la bataille est intense et le lendemain, 80% de la crête des Eparges sont repris aux allemands qui cependant restent en possession du point X et du versant sud de la butte.
La crête des Eparges sera totalement récupérée en septembre 1918.
Les pertes françaises sont évaluées à 40 000 hommes, on en dénombre autant du côté allemand.
L’église Saint-Martin :
Construite en 1852, détruite en 1915, elle a été reconstruite grâce aux dons des paroissiens et des pèlerins.
En présence de l’abbé Tripied et du maire Georges Pancher, elle a été bénie le 8 avril 1929 par Monseigneur Ginisty, évêque de Verdun. Elle renferme la chapelle des ex-voto 14-18.
Quant au tabernacle, sa porte en bois peint a été retrouvée en 1915 au milieu des ruines de l’église par un jeune soldat Maxime Real del Sarte. Vingt ans plus tard, sculpteur, il édifie le monument du 106ème régiment d’infanterie.
Le village est entièrement détruit mais en 1919, quelques familles s’installent dans des baraques en bois. La reconstruction est envisagée et en plus des dommages de guerre, la commune reçoit des aides financières : celle d’un petit village du Doubs, Le Barboux qui offre dix mille francs or (30 000 euros de nos jours) et celle d’un diamantaire hollandais Van Wezel qui fait cadeau de 500 000 francs or. La rue principale des Eparges porte son nom et une plaque sur un mur de la mairie rappelle sa générosité.
Les monuments et le cimetière :
Sur la route de Fresnes, on trouve un calvaire en pierre sculpté par l’artiste italien Duilio Donzelli.
En direction de Saint Remy, est érigée une borne du sculpteur Paul Moreau-Vauthier, combattant de 14-18.
La nécropole nationale du Trottoir rassemble 2960 corps de soldats : 2108 en tombes individuelles et 852 à l’ossuaire.
Des monuments sont érigés à leur mémoire : 106ème régiment d’infanterie, génie, 302ème régiment d’infanterie ; celui du pont X a été construit sous l’implusion de la comtesse de Cugnac en souvenir de son fiancé René. Le monument du coq est dédié à la 12ème division d’infanterie.
La commune a été décorée de la croix de guerre 1914-1918 et la mention « Les Eparges 1915 » est inscrite sur le drapeau des régiments cités lors de la bataille des Eparges.
Les associations :
Créée en 2008, l’Esparge, sous l’égide de sa présidente Patricia Pierson a défini des buts qui sont atteints : veiller à la préservation du patrimoine du village, le faire découvrir et organiser des animations culturelles. Les manifestations se succèdent : conférences, projection de documentaires, de films, expositions, représentations théâtrales, circuits historiques et littéraires. Les explications, les évocations rappellent l’enfer des batailles, les stigmates d’un passé douloureux évoqué par Louis Pergaud, Alain Fournier, Ernest Jünger, écrivain allemand et Maurice Genevoix.
Afin de marquer le centenaire de la bataille des Eparges, l’association a voulu rendre hommage à cet écrivain-combattant qui a participé à l’attaque de la butte des Eparges. Il sera grièvement blessé le 25 avril 1915 sur la Calonne. Ses récits regroupés sous le titre « ceux de 14 » sont impressionnants. Soutenue par une association présidée par des membres de la famille de Maurice Genevoix, l’Esparge a réussi à faire ériger un buste de l’écrivain, buste réalisé par Virgil MAGHERUSAN.
Au pied du socle de granit, est inscrite une phrase « choc » : « ce que nous avons fait, c’est plus qu’on ne pouvait demander à des hommes, et nous l’avons fait »
Quatre fois par an, l’Esparge publie son « petit journal ». Il relate des évènements du passé, des « épopées villageoises », présente les dates des futures manifestations et la liste des familles qui cherchent des indices sur la mort de leurs soldats aux Eparges. Claudine Boigegrain a ainsi pu constituer un véritable « fonds de mémoire ». Ces archives sont réunies dans la maison du site des Eparges, ancienne salle de classe réhabilitée.
Une autre association « Horizon 14/18 Les Eparges » a été créée en juin 2014. Elle est présidée par Patrice Losson, un régisseur de Connaissance de la Meuse. Elle propose des randonnées en des lieux insolites de la 1èreguerre mondiale : bois haut, ravin de Sonvaux et Friquevaux.
Dans leurs costumes de poilus, les membres et leurs amis participent à de nombreuses manifestations auxquelles ils apportent de la solennité.
La ferme de Sonvaux :
Avec ses trente hectares de prairies, ses écuries, sa cinquantaine de chevaux et poneys, ses animaux de la ferme, son manège, ses ateliers, elle présente un attrait indéniable. Elle est dirigée par le couple PRUVOST : Bernard, le fondateur, titulaire d’un monitorat d’attelage et Nadja, titulaire d’un monitorat d’équitation, du diplôme de guide de tourisme équestre et de chef de caravane en attelage. Cette ferme pédagogique permet la découverte du poney et du cheval, l’approche des animaux et de leurs petits, offre des cours d’équitation, des ateliers de travail du cuir, des stages d’attelage, de bourrellerie. Les animations sont variées. Certaines sont destinées à des scolaires qui peuvent découvrir l’évolution de l’agriculture, l’utilisation d’outils traditionnels, la vie du village et de ses environs depuis cent ans.
Les promenades en calèche, en chariot bâché, remportent aussi un grand succès. Bernard et Nadja ont également créé trois chambres d’hôtes confortables. Grâce à leur persévérance, ils ont fait de leur ferme un lieu harmonieux qui attire petits et grands.
Démographie :
En 1846, le village comptait 380 habitants, 161 en 1911, 57 en 1921, 73 en 2012.
Dans les années 1920, on dénombre un aubergiste – épicier et neuf agriculteurs.
Succédant à Jacques Thiery, Bernard Pancher, Hubert Perroud, Xavier-Marie Pierson est maire depuis décembre 2014.
Le nom « les Eparges » entraîne systématiquement l’évocation de l’enfer de la grande guerre, la destruction des paysages, la disparition de milliers de soldats.
l n’est pas question de passéisme mais le devoir de mémoire doit se poursuivre.
Le village des Eparges en fait la démonstration : avec ses réalisations et ses projets, il prouve qu’il est possible de faire vivre passé et futur.
Article rédigé par Jeannine Preud’Homme